Un petit chaperon rien que pour le plaisir

Le Petit Chaperon blayais

Ou la véritable histoire vraie du Petit Chaperon rouge


Il était une fois, dans le beau pays blayais, une petite fille de vignerons. Elle portait des chaperons qui si bien lui seyaient que partout on l'appelait le Petit Chaperon blayais. En vérité elle avait trois chaperons, un rouge, un blanc et même un rosé…
Un jour sa mère lui dit :

- Va voir comment se porte ta mère-grand, on m'a dit qu'elle était bien malade. Et porte-lui donc deux bouteilles de vin de Blaye pour lui remonter le moral. 
Le Petit Chaperon partit aussitôt son petit panier au bras. En chemin elle rencontra le loup, qui eut bien envie de la manger. Mais il n'osa point, à cause de quelques paysans dans le champ d’asperges voisin. Il lui demanda où elle allait et la fillette lui répondit qu’elle allait voir mère-grand.
- Demeure-t-elle bien loin ? demanda le loup.
- Oh oui ! Dit le Chaperon, c'est par delà la vigne !
- Hé bien, fit le loup, je veux l'aller voir aussi. Je vais par ce chemin-ci, et toi par celui-là, et nous verrons qui plus tôt y sera.
Le loup se mit à courir par le chemin le plus court, et la fillette s'en alla par le chemin le plus long, courant après les papillons et ramassant des champignons. Le loup ne fut pas long à arriver à la maison. Il heurta : toc, toc, toc.
- Qui est là ?
- C'est votre petite fille, dit le loup contrefaisant sa
 voix, qui vous apporte deux bouteilles de vin de Blaye.
La mère-grand, qui était dans son lit, lui cria, comme chacun sait :
- Tire la bobinette, la chevillette cherra ! 
Et elle ajouta 
- Chouette, on va faire la fête !
Le loup entra et allait se jeter sur la bonne femme, lorsqu'elle lui proposa :

- Vous prendrez bien un petit verre de vin ?
 Le loup surpris décida qu’il pouvait bien surseoir à son repas le temps d’un apéritif… Et se laissa servir un verre. La conversation allait bon train et la bouteille touchait à sa fin quand le petit Chaperon arriva enfin.
Les deux compères un peu pompettes décidèrent de lui jouer un tour et le loup rejoignit la mamie au lit. Le Petit Chaperon entra et fut bien étonné de voir comment sa mère-grand était faite en son déshabillé. Elle lui dit : 
- Mère-grand, que vous avez de grandes oreilles !
- C'est pour mieux t’écouter, mon enfant.
- Mais mère-grand, que vous avez de grandes dents !
- C'est pour mieux te manger ! »
Devant l’air terrifié de la fillette, les deux facétieux hurlèrent de rire en se frappant les flancs.
Le Petit Chaperon qui n’était pas rancunier rit avec eux. Et avant de rentrer à sa maison, elle leur cuisina même une belle omelette aux champignons.
C’est ainsi qu’au lit la soirée finit… Mais pas l’histoire, car ensemble mère-grand et le loup vécurent heureux.


Véritable vérité historique rétablie par Raffaella Bertagnolio
 pour le salon du livre de Blaye, 
et spécialement dédicacée à Lapoum' et à son petit Chaperon blayais...